Le réalisateur signe un film d’aventures à grand spectacle, qui se déroule en 2045, entre monde virtuel et réel.
Depuis les années 2010, la filmographie de Steven Spielberg a pris un tournant. Entre Cheval de guerre, Lincoln, Le Pont des espions et Pentagon Papers (sorti il y a tout juste deux mois), Spielberg s’est engagé dans ses films. Certains ont même dit que Spielberg ne renouera plus jamais avec ce qui lui a donné ses lettres de noblesses, l’entertainment pur et dur.
Adapté du best-seller éponyme, Ready Player One se devait de déployer tout le talent du metteur en scène américain en se montrant, par la même occasion, à la hauteur de ses illustres références.
Ready Player One est-il alors un grand film de science-fiction à même de marquer la culture populaire à son tour, ou bien rien qu’un hommage nostalgique vide de sens comme beaucoup semblent l’avoir déjà catégorisé ?
Le synopsis
Le film se déroule en 2045. La terre ressemble à un gigantesque bidonville où les hommes s’entassent dans des mobil-homes sales. Comme la plupart de ses contemporains, le héros, Wade Watts, trompe son ennui en chaussant des lunettes VR et en « glissant » dans un monde virtuel appelé OASIS. Là, son avatar parcourt des mondes peuplés de monstres, s’engage dans des courses de bolides ou des combats épiques. Au moment où le récit commence, le créateur d’OASIS, James Halliday, vient de mourir. Pour s’assurer que son héritage ne tombe pas entre de mauvaises mains, l’inventeur a décidé de léguer OASIS à celui qui trouvera trois clés virtuelles à l’issue de trois épreuves. Wade n’est pas seul sur la ligne de départ…
La bande-annonce
Casting
Critique
Mais pour être honnête le retour à la SF du cinéaste est une réussite. Renouant avec les plaisirs du film d’aventures à très grand spectacle, déployant une inventivité atomique, Steven Spielberg s’apprête non seulement à sidérer les gamins du monde entier, mais à réveiller chez les adultes les enfants qu’ils ont jadis été.
On passe notre temps durant le film à jouer à “Où est Charlie ?” durant plus de deux heures. Films et séries, comics et manga, jeux vidéo… Ca change du film Pixels d’Adam Sandler.. Il serait vain de se lancer dans le détail des Easter Egg des légendes de la pop culture, tant elles semblent toutes présentes – absolument toutes (Ok .. Challenge accepted)
L’esprit des 80’s est aussi retranscrit par le biais d’une bande-son composée des plus grands tubes de l’époque. Toutefois, si le livre se concentrait exclusivement sur cette période de l’histoire, le film s’ouvre aussi à la culture contemporaine.
Par ailleurs, tout comme Ernest Cline fait référence à la culture geek et aux grands classiques du jeu vidéo, Steven Spielberg en tant que cinéaste exprime son amour pour le 7ème art au travers de clins d’oeil aux films cultes. Plus précisément, le réalisateur signe un vibrant hommage au film Shining de Stanley Kubrick. Le caractère terrifiant de Shining est tourné en dérision, mais ça vous aller le découvrir en voyant le film.
Pour citer Les Inrocks, ce film est « Une astucieuse compression de cinéphilie pop. »
Mais Ready Player One, c’est bien plus que cela. L’hommage aux jeux vidéo est bien présent, et il est évidemment déconseillé d’être viscéralement opposé à ces derniers si l’on veut entrer dans l’univers du film de Spielberg, mais ce serait bien dommage de s’arrêter à ce simple aspect, car on nous propose ici bien plus.
Il y a un reproche que l’on pourrait faire à Spielberg, c’est son manichéisme primaire. Celui-ci l’a toujours caractérisé, c’est donc sans surprise qu’on le retrouve dans Ready Player One. Nous avons d’un côté le gentil Wade Watts – un peu benêt mais tout plein de bonne volonté -, de l’autre le méchant Nolan Sorrento et sa vilaine corporation – avide de pouvoir et déterminée à faire ce qu’elle sait faire de mieux, à savoir le mal. Quelque part, ce manichéisme est aussi une référence aux années 80 en soit – la magie avant tout, avec des personnages réduits à leur simple choix de camp, le bien et le mal.
Quoiqu’il en soit, si l’on se concentre sur le pur divertissement, le réalisateur nous offre largement de quoi satisfaire notre appétit. Aidé par un excellent casting au sommet duquel le grand Mark Rylance fait une fois de plus briller l’immensité de son talent (mais également l’excellent Simon Pegg, bizarrement oublié par la promo du film…) dans son rôle dont on ne peut s’empêcher de penser qu’il constitue un miroir du réalisateur lui-même, Spielberg nous propose encore une fois une pépite au travail visuel hallucinant, la photographie de Janusz Kaminski touchant toujours aussi juste que d’habitude, l’univers vidéoludique lui permettant d’impressionnants plans-séquences. Une mise en scène virtuose évidemment rehaussée par une partition grandiose signée Alan Silvestri, qui parvient à faire oublier dès ses premières notes l’absence de John Williams, et nous immerge dans un univers virtuel envers lequel on se surprend à éprouver une réelle sympathie, sympathie accrue par un humour souvent bienvenu.
Il existe déjà bon nombre de films abordant de près ou de loin les thématiques de la réalité virtuelle. Parmi les plus connus, on peut notamment citer Matrix et Total Recall. Toutefois, Ready Player One sort au cinéma dans un contexte particulier : en 2018, la réalité virtuelle n’est plus une technologie futuriste ou un concept philosophique. Les casques de réalité virtuelle sont accessibles au grand public, et le monde imaginaire que décrit Ready Player One est peut-être bien plus proche du monde réel qu’on ne le pense. On note au passage l’imbrication parfaite de la caméra virtuelle qui permet des plans absolument géniaux. Je pense notamment à la scène de la boîte dans laquelle dansent Parzival et Artemis, un moment qui frôle la poésie.
De fait, plus encore que lors de la parution du roman en 2011, Ready Player One est à même de porter un regard critique sur la réalité virtuelle, ses enjeux, ses dangers et ses opportunités.
Explication de la fin (SPOILERS)
Vers la fin du film, après avoir gagné les trois épreuves, Perzival, alias Wade Watts, atterrit dans un succédané de la chambre d’enfant de James Halliday, et tombe sur deux versions de celui-ci : James Halliday enfant, et James Halliday âgé. Mais qu’en est-il vraiment ? Halliday est-il vivant ou mort ?
C’est ce que Wade demande à Halliday, mais celui-ci ne lui répond pas, et se contente de s’en aller. Nous ne pouvons dire si Halliday est véritablement vivant ou mort, bien que tout cela semble être une métaphore : Halliday serait bel et bien décédé, mais à présent, il est en paix. Il avait perdu espoir en son jeu et en la capacité des êtres humains à aimer, mais est réconforté par la venue de Wade et par sa sincérité.
Mais le créateur de l’OASIS n’est pas le seul à trouver la paix, puisque c’est aussi le cas de Wade. Le personnage principal de Ready Player One, qui jusqu’ici, a toujours fuit la réalité, a enfin fait la paix avec celle-ci. Il ne tente plus de l’échapper, puisqu’il a trouvé ce qu’il cherchait : des amis, mais aussi l’amour en la personne de Samantha. Bien que la morale soit un peu mièvre et facile, le cinéaste semble nous dire, que rien ne vaut la réalité. Et on ne peut s’empêcher de faire le lien avec notre époque… Nous perdons le sens de la réalité, nous sommes accrochés à nos smartphones, nous passons notre vie sur internet. A la fin du film, on remarque que tout le monde à le même réflexe .. prendre son téléphone et voir ses notifications. Spielberg à travers ce film, nous montre l’un des maux majeurs des années 2010.
Il se sert de se filmer pour nous faire réaliser que la vie réelle est meilleure que la vie virtuelle !
Conclusion
En tant que passionnés de jeux vidéos et de Pop Culture, nous attendions cette adaptation au cinéma de pied ferme. Nous n’avons pas été déçus. On retrouve dans ce long-métrage toute la magie de Steven Spielberg : humour, aventure, émotion, action, spectacle et fantastique. Tous les ingrédients sont réunis pour faire du blockbuster un film culte pour toute une génération d’enfants, comme l’étaient Indiana Jones, ET ou Jurassic Park en leur temps. Attention à l’overdose de Easter Egg par contre mais cela reste un très bon film familial !!
NOTE : 8.5 /10
[…] De plus, ces faiblesses artistiques se répercutent directement sur les chiffres du box-office mondial. Pour un budget évalué à 94 millions de dollars, Tomb Raider n’a récolté, à ce jour, que 274,7 millions de dollars. Un maigre succès qui ne satisfait pas du tout la Warner, qui visait à peu près le double. En même temps, le film est sorti entre Black Panther, Pacific Rim Uprising et Ready Player One. […]
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