Enfin ! Doctor Strange débarque sur nos écrans ! Est-il aussi dingue et différent des autres Marvel qu’on nous l’a vendu ?Après Iron Man, Captain America, Thor, Les Gardiens de la Galaxie ou plus récemment Ant-Man, c’est au tour du Doctor Strange de faire son entrée dans le Marvel Cinematic Universe. Inutile de vous le présenter si vous êtes fan de comics. Sinon, voici un petit briefing avant-séance…

QUI EST STEPHEN STRANGE ?
Neurochirurgien de grand talent, Stephen Strange se fait un plaisir de remettre sur pieds les patients les plus désespérés, se permettant même de faire la fine bouche et de n’accepter que les cas critiques représentant pour lui un véritable challenge. Imbus de lui-même et égocentrique (ça ne vous rappelle pas un certain Tony Stark ?), Strange se voit violemment arraché de son piédestal le jour où un terrible accident de voiture le prive de l’usage de ses deux mains et l’empêche définitivement de continuer à opérer.
Anéanti, il cherche par tous les moyens à retrouver ses facultés, sans succès. Après avoir coupé les ponts avec ses proches, il décide de tenter sa dernière chance et de partir pour Kamar-Taj, un lieu mystique situé dans l’Himalaya qui a permis à un certain Benjamin Pangborn de retrouver l’usage de ses jambes.
Une fois parvenu à Kamar-Taj, Stephen Strange fait la rencontre de l’Ancien (joué par Tilda Swinton), experte en sciences occultes qui lui offre non seulement la possibilité d’arriver à soigner ses mains, mais aussi de découvrir un univers que son esprit cartésien ne soupçonnait même pas.
CASTING

CRITIQUE
Doctor Strange se construit comme une autre origin story. Un peu obligé, vu la popularité peu évidente du personnage, qui pourrait être qualifié de seconde zone. Autre défi que Marvel devait relever : intégrer son héros dans son univers partagé, alors même que celui-ci n’est pas très tourné dans l’occulte.
Il faudrait être de mauvaise foi ou particulièrement hypocrite pour ne pas reconnaître que là Marvel a visé dans le mille. Côté personnage, passée une scène d’exposition incroyable, il est dessiné en dix minutes, pas plus. Tout d’abord en lorgnant du côté du Tony Stark d’Iron Man en lui empruntant sa richesse, un certain cynisme et un côté égoïste. Cependant, Stephen Strange n’est pas sympathique. Son complexe de supériorité est évident, l’homme cassant, presque antipathique.
Scott Derrickson lui fait ensuite emprunter la voie de l’exil, comme dans Batman Begins. Sans cependant, la noirceur Nolanienne. Doctor Strange n’en a pas besoin.
Ce sera à partir d’ici que le bon Docteur, comme le spectateur, sera plongé en plein occultisme, via des visions impressionnantes et extraordinaires qui s’enchaînent, passant le multivers en revue, de la dimension noire à la dimension miroir qui tord la réalité comme elle tord les immeubles dans une mosaïque formant parfois un trompe l’oeil vertigineux, souligné par une bonne exploitation de la 3D.

Ici, Marvel semble regarder du côté de l’Inception, en reprenant les visions saisissantes des bâtisseurs de rêves qui y évoluaient. Certains journalistes cinéma, jouent la carte du Too Much, et de l’overdose d’effets spéciaux qui donnent mal à la tête, où comme dirait Les Inrocks : « Un gloubiboulga métaphysico-shaolin qui place Doctor Strange quelque part entre Kung Fu Panda, les films de Jean-Claude Van Damme et un épisode des Tortues Ninja – le second degré en moins. »
Mais Marvel y inscrit des scènes d’action incroyables, comme cette course poursuite new yorkaise jamais vu dans le MCU et tire le meilleur parti de son univers magique en l’intégrant sans heurts majeurs. Et on ADORE !!
Fidèle au cahier des charges des œuvres du MCU, Scott Derrickson, le réalisateur, entreprend le ton de l’humour avec insistance, comme une seconde nature qui correspond au personnage principal, ou encore par le biais de la Cape de Lévitation.
Doctor Strange délivre ainsi un plaisir intense et immédiat, tablant sur le spectaculaire de son environnement ainsi que sur les différents plans sur lesquels les personnages s’affrontent. La mission est donc accomplie avec brio, Stephen Strange s’imposant comme un personnage cassé (sur de multiples aspects) qui présente au spectateur, en creux, déjà, la question de la responsabilité, de l’affranchissement des règles et du prix de ses actes. Cette dernière thématique, mise en perspective dans sa confrontation avec l’Ancien et Mordo, est porteuse de quelques belles promesses pour les suites potentielles qui pourraient donner à Strange une dimension plus tragique que celle de ses congénères.
Certains pourront regretter l’apprentissage un peu précipité du bon Docteur en matière de magie et d’occulte, même s’il donne lieu à une composition de son costume bien connu plutôt astucieuse et sortant des sentiers battus.
AVIS SUR LES ACTEURS
Mads Mikkelsen (Kaecilius)
On regrette, l’aspect assez effacé de Kaecillius dans la trame narrative, pour un méchant on ne le voit pas beaucoup et on n’arrive pas a cerner totalement le personnage. S’il n’est pas aussi bon que Loki (mais qui pourrait ?) ou Ultron, il est au moins meilleur que Malekith (Thor 2) ou Darren Cross (Ant-Man), grâce au jeu de Mads Mikkelsen qui lui donne un certain charisme.
Benedict Cumberbatch (Docteur Strange)
Benedict Cumberbatch, lui, est fantastique dans le rôle de ce chirurgien arrogant qui apprend à ouvrir son esprit et à faire une croix sur son ancienne vie. Trouvant un équilibre parfait entre un ton sérieux et l’humour, il livre une prestation impeccable alors même qu’il joue avec des concepts qui pourraient nous laisser franchement sceptiques.
Tilda Swinton (L’Ancien)
Le choix de l’actrice pour jouer l’Ancien a suscité pas mal de remous. Mais même les plus critiques ne pourront qu’applaudir la performance de l’actrice. C’est bien simple, elle est incroyable ! Elle parvient à dégager une impression de sagesse vénérable et de profonde sérénité mêlées à une certaine légèreté, donnant au personnage de l’Ancien un côté à la fois éthérée et mystérieux qui fascine et hypnotise.